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L’interview du mois : Anthony Babkine, alumnus Celsa et co-fondateur de Diversidays

Portraits

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23/09/2022

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Anthony Babkine a cofondé Diversidays, une association qui favorise l'insertion professionnelle des personnes discriminées ou sous-représentées dans les métiers du numérique ! Anthony est alumnus Celsa et a parrainé cette année la dernière promotion de jeunes diplômé(e)s de l’école. Retour sur un parcours atypique et hors-normes de ce jeune leader engagé.  senior Brand strategist. Il est également l’ambassadeur Italie de notre réseau Celsa alumni. Il nous parle de sa passion pour son travail de planneur stratégique axé sur le branding et de son parcours à l’international, riche et inspirant. 

Propos recueillis par Anne Bouet, alumna Celsa 1999


Bonjour Anthony, Pourrais-tu nous parler de ton parcours et de tes débuts ?

Je suis originaire d'Evry-Courcouronnes et j’ai eu un parcours scolaire assez chaotique : redoublement, notes insuffisantes pour intégrer la filière générale, orientation forcée vers la filière professionnelle. J’aimais la cuisine, mais le responsable d’orientation de l’époque avait tranché pour moi : ça serait un CAP Cuisine… La cuisine peut être une filière d’excellence mais quand cette orientation est choisie et non subie. Bref ma trajectoire semblait toute tracée, comme trop souvent pour les jeunes de banlieue… 

Finalement je me suis accroché et j’ai finalement réussi à décrocher mon bac, au rattrapage, mais décroché quand même ! Ensuite, j’ai commencé dès 19 ans à travailler dans l’événementiel tout en suivant des études à l’IUT Techniques de commercialisation d’Evry. Malgré ce cheminement positif, j’ai réellement pris conscience de mes capacités quand je me suis mis à écrire mon premier ouvrage professionnel « Réussir l’organisation d’un événement », paru aux éditions Eyrolles à l’âge de 23 ans. Même si la rédaction était parfois difficile, surtout au niveau de l’orthographe et de la grammaire qui ont longtemps été mes bêtes noires ! Néanmoins, ce livre et les trois suivants, m’ont permis d’affirmer mon savoir-faire et donc de me donner (un peu) plus confiance en moi. Finalement, ces livres se sont révélés être de véritables tremplins, voire même de vrais ascenseurs sociaux pour la suite de mon parcours. Écrire un livre rassure aussi bien un recruteur qu'un interlocuteur sur vos expériences et expertises.

Tout au long de mon parcours, j’ai rencontré des mentors et des personnes qui m’ont tendu la main comme ces étudiants étrangers à l’Université d’Evry-Courcouronnes qui m’ont aidé pour réviser mon bac en cours du soir. Ou encore, cette association d’égalité des chances qui m’a permis de décrocher ma première alternance à Paris (Mozaïk RH). Et enfin j’ai voulu tenter le concours du Celsa Sorbonne Université… que j'ai réussi, quasi miraculeusement. En tout cas, c’était mon ressenti à l’époque. 

Ensuite, tout s’est accéléré. Grâce à un travail sans relâche, à l’école et son réseau, je vais décrocher beaucoup plus facilement une alternance puis rapidement rejoindre le monde des agences de communication. Je suis assez rapidement embauché par l’une d’elle, l’agence Wellcom pour mes compétences digitales, puis par TBWA\Corporate en qualité de jeune professionnel de la communication numérique. Je mène à bien des projets de communication digitale puis je deviens responsable social media, je gagne des appels d'offres en équipe et je finirai par prendre la tête du pôle numérique en qualité de Directeur Général Adjoint de TBWA. 

J’ai alors des clients grands comptes à gérer, un peu plus de vingt experts des médias sociaux et créatifs à manager… Je prends conscience que j’ai saisi ma chance, mais que, sans les dizaines de bonnes fées sur mon chemin et un gros bol de détermination, je n’en serais pas là.

Après cette ascension fulgurante en agence et dans le digital, tu as décidé de changer de cap ? Pourquoi ? 

Je mesure alors ma chance mais aussi la malchance de mes camarades de banlieue, celles et ceux qui n’ont pas réussi à briser les codes et les barrières, parfois bien trop lourdes. Une étude récente menée avec mon association montre qu’un français sur deux a déjà vécu des discriminations à l’embauche. Certes j’avais atteint mes objectifs professionnels, mais j’avais besoin de m’investir pour plus de diversité, casser un peu cet entre-soi qui prévaut en France. Je l’avais observé au quotidien dans mon nouveau quotidien de jeune cadre dirigeant dans la communication. C’était devenu insupportable à voir et à vivre. Et surtout, avoir le sentiment de n’avoir aucune capacité à changer la situation à mon échelle. En 2017, je prends conscience que c’est à mon tour de m’investir et d’aider celles et ceux qui ont le potentiel et qu’on tente d’enfermer dans une forme de déterminisme social. C’est ainsi que l’aventure Diversidays a commencé avec mon amie d’école, mon amie co-auteure Mounira Hamdi.

J’avais déjà en charge les questions de diversité au sein de l’agence mais je voulais aller plus vite, plus loin ! J’ai alors la chance que TBWA soutienne notre projet à Mounira et moi : “Diversidays” en pro-bono. Ce qui nous a permis de nous lancer…  l’association d’égalité des chances, Diversidays !

Certains font la crise de la quarantaine, j’ai fait de mon côté la crise de la trentaine ! J’ai éprouvé dans mon cheminement ces murs invisibles, cette difficulté à me sentir à ma place, ce sentiment de ne pas toujours détenir les bons codes ou d’avoir les bonnes attitudes… J’étais un jeune “transclasse” qui avait réussi à se faufiler dans un monde très singulier, celui de la communication corporate à Paris. Après avoir établi ce constat, j’ai décidé de tout lâcher, pour me lancer à corp perdu dans le monde de l’égalité des chances en créant Diversidays.

Peux-tu nous en dire un peu plus sur l’aventure Diversidays ? 

Diversidays, c’est avant tout une aventure humaine, un collectif, un socle de valeurs communes, et ce quelles que soient les différences ethniques, sociales ou géographiques ! Notre but ? Faire bouger les lignes, rendre les personnes invisibles, visibles, audibles… les aider à faire de la compétence numérique, un tremplin professionnel et personnel. Nous sommes partis du constat avec Mounira que les métiers du numérique, métier d’avenir par excellence, souffraient d’un manque de diversité : peu de femmes, peu de seniors (notamment dans les start-ups), peu de jeunes issus des quartiers, etc. On a alors décidé de travailler sur des programmes d’accompagnement pour que ces profils qui ont parfois moins de réseau, moins la connaissance des formations numériques, puissent accéder à ces nouveaux métiers avec le soutien de partenaires mécènes ou institutionnels tels que Shopify, Orange, La French Tech, Pôle Emploi, Google.org, l’Agefiph, LinkedIn et bien d’autres. Certaines des personnes que nous accompagnons sont de vrais entrepreneurs et pourtant ils n’assument pas toujours cette position et ce statut. Et nous les aidons à prendre pleinement leur place !

Diversidays se répartit en 3 grands types d’actions : 

  1. “Le Leadership Program” pour aider les entrepreneurs à développer leur leadership et activité, mais aussi dans leur capacité à se constituer un réseau et trouver des financements.
  2. “Déclics Numériques” dans une logique de reconversion vers les métiers du numérique à destination de milliers de demandeurs d’emploi
  3. “Tech Your Place” pour accompagner les start-ups dans leurs enjeux de mise en place d’actions et stratégies en faveur de la diversité et l’inclusion. 

 Quelles sont votre actualité, vos perspectives avec Diversidays ? 

Après deux ans de COVID assez éprouvants (mais il paraît qu’une crise est aussi toujours un moment de vérité), nous sommes toujours là et avec une motivation et une exigence intactes. Avec un impact qui n’a jamais été aussi important. Aujourd’hui, nous avons déjà accompagné plus de 6 600 demandeurs d’emploi et entrepreneur.e.s avec l’aide de plus de 16 partenaires nationaux et 200 bénévoles ponctuels ou récurrents.

Quelle est ta plus grande fierté ou ta plus belle réalisation ? 

Si je ne devais en citer qu’une seule… Ne pas avoir oublié mes valeurs et d’où je viens ! Cela me rend fier et heureux d’avoir un impact (positif) sur la société et de me poser la question constamment de ce que je peux faire pour maximiser cet impact et que mon engagement soit utile aux autres. Et enfin, je suis aussi heureux d’avoir conservé ma liberté de parole, cela n’a pas de prix à mes yeux !

Anthony, pourquoi avoir choisi le Celsa ?  

Car c’est la meilleure (rire) ! Sans rire, j’avais à l’époque besoin d’asseoir ma légitimité dans ce métier, même si j’avais déjà créé ma start-up et écrit un livre, c’est une grande école et un réseau qui m’a ouvert de nombreuses portes ! J’avais déjà pris pas mal de détours et emprunté de passerelles, et pour une fois je pouvais enfin prendre l’autoroute pour accéder aux métiers de la communication… 

Ce que je regrette, c’est que ces filières d’excellence comme le Celsa Sorbonne Université, ne soient pas toujours suffisamment connues et fléchées pour des jeunes de banlieue, de nos régions ou issus de la diversité sociale de manière générale… 

Le Celsa t-a-t-il servi dans ta vie professionnelle ? 

Le CELSA représentait à mes yeux une de mes seules chances d’être accepté par le monde des communicants et des agences. Entrer au Celsa, c’était un peu comme entrer à Poudlard, et rejoindre la communauté des apprentis sorciers de la communication… Et comme Harry Potter, je n’en possédais pas d’ailleurs tous les codes à mon arrivée ! 

Aurais-tu un dernier conseil pour nos étudiants et nos alumni ? 

Je les encourage à aller au contact, de manière simple et spontanée. Vous n’avez pas de réseau ? construisez-le ! Envoyez aux anciens des DM (messages directs ou privés sur les réseaux sociaux), gardez le contact avec vos professeurs et intervenants, avec vos ami(e)s de promotion. Inscrivez-vous dès que possible à l’association des alumni et tentez de créer de liens avec les ancien(ne)s, je sais que nous sommes nombreux à vouloir aider les étudiants et jeunes diplômés ! Foncez !

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En 2022, Anthony Babkine a été sélectionné par la Fondation Obama pour rejoindre la cohorte des 30 Obama Leaders Europe. Il est arrivé en tête du classement des jeunes de moins de 35 ans des leaders positifs des Echos/Positive Planet et référencé parmi les 40 personnalités qui transforment la France par l’hebdomadaire Le Point. 

Retrouvez son intervention lors du  TEDx CELSA sur les codes >>
www.ted.com/talks/anthony_babkine_t_as_pas_les_codes_cassons_les_ensemble_don_t_have_the_codes_let_s_break_them_together 

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